Deux œuvres de fiction bien différentes, sur le fond et la forme, ont pour cadre la station de radioastronomie de Nançay. Cette communication en les rapprochant cherche à montrer comment chacune d'entre elles met la science et les instruments scientifiques au service de son intrigue.

En 1974, la productrice et scénariste Yannick Bellon réalise un film intitulé "La femme de Jean". Son film raconte la dépression de Nadine, quittée par Jean après dix-huit ans de vie commune, puis sa lente reconstruction, sa recherche d'emploi et la reprise de ses études de physique. De nombreuses scènes se déroulent sur les trois sites de l'Observatoire de Paris : dans le bâtiment Perrault à Paris, sur la terrasse de la tour solaire de l'observatoire de Meudon, mais aussi à la station de radioastronomie de Nançay où de longs plans révèlent les différents radiotélescopes.

Dans le roman d'espionnage "Nançay R.A. 12 appelle Matt" de 1971, l'auteur francophone François Chabrey charge son héros masculin, agent des services secrets américains, de mettre fin à un réseau d'écoute communiste utilisant les curieuses antennes de Nançay, au cœur de la guerre froide.

La comparaison des deux récits montre que le choix des lieux (une station de radioastronomie, une instrumentation scientifique contemporaine) n'est pas innocent : la réalisatrice choisit de montrer l'émancipation féminine à travers une vision sensible et militante de la recherche et de la science, bien que dans son film ni les travaux effectués, ni les instruments, ni les outils mathématiques utilisés ne sont nommés ou explicités ; à l'opposé, le roman de gare fournit de nombreux détails techniques sur les instruments et sur les activités scientifiques, une réalité décrite avec précision mais totalement inutile du point de vue l'intrique.