Au XIXe siècle, on assiste à la spécialisation des disciplines et de de facto à l'édition de journaux et de dictionnaires spécialisés. Si de nombreux journaux mathématiques ont été fondés au cours du XIXe siècle ([Neuenschwander, 1994] & [Verdier, 2009]), – Pierre Larousse (1817-1875) va jusqu'à dire que le XIXe siècle est le siècle des dictionnaires [Mollier & Dubot, 2012] – force est de constater que peu de dictionnaires exclusivement destinés aux mathématiques ont été édités. Nous en avons repéré deux : le Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliqué de Alexandre André Victor Sarrazin de Montferrier et le Dictionnaire des mathématiques appliquées comprenant les principales applications des mathématiques d'Hyppolite Sonnet [Sonnet, 1867]. Ces deux dictionnaires ont eu un succès significatif puisque le Dictionnaire de Montferrier édité initialement entre 1835 et 1840 [Montferrier, 1835, 1836 & 1840] est réédité chez Hachette en 1845; celui de Sonnet connaît cinq éditions entre 1867 et1895.

Après avoir contextualisé ces deux projets, nous nous intéresserons aux savant.e.s qui sont « panthéonisé.e.s » à travers les rubriques des ouvrages. « Qui sont-ils? », « Qui sont-elles ? », « Comment sont-ils.elles présenté.e.s? », « Pourquoi ont-ils.elles été choisi.e.s par les concepteurs? », « Quelles sont les sources mobilisées? », « Note-t-on des différences significatives entre les deux dictionnaires? » etc. seront quelques-unes des questions qui alimenteront nos réflexions.

Ainsi pour le Dictionnaire de Montferrier, nous nous intéresserons aux rubriques portant le nom d'un savant ou d'une savante : un premier dépouillage fait état de presque 400 noms panthéonisés. Ce dictionnaire ne consacre pas de rubriques à des noms de savants mais de nombreuses rubriques sont consacrées à des « formules », « règles », « systèmes », « lois », « appareils », etc. Cela constitue un corpus (avec ses biais) pour appréhender le phénomène de patrimonialisation des mathématiques via ce dictionnaire.

Sources primaires

Montferrier Sarrazin de, Alexandre

1835. Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliquées, volume 1, Paris, Denain, 1835.

1836. Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliquées, volume 2, Paris, Denain, 1835.

1840. Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliquées, volume 3, Paris, Au bureau de la bibliothèque scientifique, 1840.

Sonnet Hyppolite

1867. Dictionnaire des mathématiques appliquées, comprenant les principales applications des mathématiques à l'architecture, à l'arithmétique commerciale, à l'arpentage, à l'artillerie, aux assurances, à la balistique, à la banque, à la charpente, aux chemins de fer, à la cinématique, à la construction navale, à la cosmographie, à la coupe des pierres, au dessin linéaire, aux établissements de prévoyance, à la fortification, à la géodésie, à la géographie, à la géométrie descriptive, à l'horlogerie, à l'hydraulique, à l'hydrostatique, aux machines, à la mécanique générale, à la mécanique des gaz, à la navigation, aux ombres, à la perspective, à la population, aux probabilités, aux questions de bourse, à la topographie, aux travaux publics, aux voies de communications, etc. etc. et l'explication d'un grand nombre de termes techniques usités dans les applications, Paris, Hachette, 1867.

Sources:

Mollier Jean-Yves & Dubot Bruno

2012. Histoire de la librairie Larousse (1852-2010), Paris, Fayard, 2012.

Neuenschwander Erwin

1994. « Les journaux mathématiques » in Grattan-Guiness, Ivor (Ed), Companion Encyclopedia of the History and Philosophy of the Mathematical Sciences, Routledge, Londres/New-York, 1994, 1533-1539.

Verdier Norbert

2009. « Les journaux de mathématiques dans la première moitié du XIXe siècle en Europe », Philosophia scientae, 13 (2) (2009a), 97-126.